Où l'on verra les dernières choses créées et exposées.
STRATÉGIES* une lettre pour partager quelques dessins et d'autres choses

Je ne peux pas croire que qu’il y a si longtemps que je vous ai écrit… À la dernière lettre, je ne savais pas bien ce qui allait arriver. Maintenant, je sais trop bien ce qui s’est passé. Un monde a passé. Pour rester sur ce qui a fait “ma vie”, une exposition centrée sur le thème du doute a eu lieu, et pourtant c’est bien la fois où j’ai le moins douté dans ce genre de moment.

Dessins à l'encore de chine sur papier japonais humide

Entre ces deux dernières lettres, j’ai souvent été à l’atelier, et c’était bien de se demander « Qu’est ce qui fait tenir un dessin ? » - de chercher à résoudre nos “problèmes” d’artistes. Simples, quelque part. S’attacher et se détacher. S’attacher à faire, se détacher du jugement. Une exposition, c’est aussi une étape dans le brouillon permanent qu’est la création, et celle-ci m’a fait avancer.

Aperçu des pièces accrochées dans l'expo : dessins de différents formats

On n’est pas toujours serein lorsqu'il faut fabriquer des objets qui seront montrés. Là, alors que j'étais perdue, je me suis finalement amusée à mettre des papiers et des traits ensemble : cela a donné des formes que je n’avais pas imaginées et qui m’ont aussi surprise. À l'exposition on m’a dit « chaque support impose sa propre temporalité ». Je n'y avais pas pensé… c’est toujours intéressant, d’avoir vos retours. Ça a aussi été l’occasion de présenter des textes, et ça c’était inédit pour moi.
Une Fourmi n’en finit pas de traverser la tâche de soleil, c’était le titre de cette expo et les infos détaillées sont ici.

Dessins sur feuilles colorées superposés sur des dessins noir et blancs (encre de chine)

Des dessins sur bristol coloré et d'encre sur papier mouillé se sont rencontrés

J'ai de la chance. Aller à l'atelier, remplir des carnets, alors que tous les jours depuis toujours le monde s'effondre, ou s'écrit. « La fin du monde en deux cent douze épisodes » . Si on regarde sous une lumière froide ce qui se déroule, on peut se demander quel est le sens de ce « faire », de notre « faire » - si les dessins vont sauver le monde. Peut-être.

Plusieurs dessins sur diapositives

Des dessins sur diapositives, tirés d’une série en cours que j’ai titrée pour l'occasion La Chance

Je n'ai pas de réponse, et je vais abandonner l'idée d'en trouver une pour cette lettre. Simplement que la chance est aussi un hasard, que je vous invite à voir vos propres chances. On en a, d'être ici ou là. Alors je retourne à mon rangement d'atelier, à mes pages qui se remplissent, et à tout le reste qu'il me tient à cœur de faire bien.

Une personne observe les dessins accrochés dans l'expo

.
Je sais tout ce qu'il faut faire
ce qui me fait du bien
et de me fuir, je sens une tendinite se former
Voilà une excuse comme elle sera bonne.
.
Respirer, imaginer la lumière.
Imaginer que cela peut marcher.
Que cela serait joyeux
Que rien ne me tombera dessus
et que personne ne me pointera du doigt.
J'aurais simplement pu être
un exemple
ne serait-ce que pour moi-même
d'avoir fait.
.

(août 2020)

« Pause for the Cause »

Des causes à défendre il y en a beaucoup. Là, je ne vais pas relayer telle ou telle cagnotte, telle ou telle demande de soutien. Juste vous inviter à réfléchir à comment faire circuler notre chance. Pour certain·es ce sera du temps donné, d’autres de l’argent, d’autres encore feront rire leur entourage… À vous de choisir.
Je pense souvent à ce proverbe qui doit se transformer selon les mémoires et histoires : « Tout ce qui n'est pas partagé ou donné est perdu ». Il m’aide à laisser les choses aller, quelque soit la forme du partage. On y reviendra, forcément. D’ici là, débrouillez-vous pour vous orienter dans ce monde, regardez des documentaires, écoutez. ⊂⚆_⚆⊃

J’ai l’impression que cette lettre a été plus compliquée à écrire que les autres. De tout ce que je voulais vous dire... en si peu de mots. Mais à chaque fois que c’est posé et envoyé, je me réjouis !

On a la chance d’avoir un soleil, on a la chance d’être des cœurs sensibles.

Hâte de vous écrire à nouveau, à bientôt,

Annely

@ partager

J’ai écouté le dessinateur Edmond Baudoin À Voix Nue. Il parle de sa vie bien sûr, mais aussi de création et de beaucoup de choses qui peuvent être des éléments de réponse aux questions de cette lettre. C’était très joyeux et ça m’a plu. D’ailleurs c’est son anniversaire aujourd’hui, 23 avril. Bises Edmond !

• La saison 3 de la Préhistoire du futur de Benjamin Abitan est sortie et l’épisode « Les excès du recours au financement participatif » n’est que trop juste : prenez 9 minutes pour ça !

Rire encore, et rire de nos peurs avec « le Monde des phobies », un sketch finement écrit. Par ailleurs : vive les groupes de paroles.

Un autre tour du côté de Boris Vian qui est toujours un allié, avec Ils cassent le monde, tiré de l'indispensable recueil Je voudrais pas crever.

• Côté musique, je vous suggère :
Mount Maxwell, The People’s Forest. Je ne sais rien de qui fabrique cette musique mais j’ai aimé l’écouter.
Neniu, si vous aimez la pop francophone naïve. Quoique vous en pensiez, c’est la BO de mon mois d’avril. Ici le premier album Moulin.

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Annely Boucher
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